Bertolt Brecht nait en Bavière en 1898 et meurt à Berlin en 1956, d’un infarctus. Il a fait toute la première guerre mondiale comme infirmier et, devenu marxiste en 1930, sera contraint de quitter l’Allemagne en 1933, pour n’y revenir qu’en 1949, à Berlin-Est.
Dramaturge, metteur en scène, critique théâtral et poète, Brecht a été particulièrement marqué par la guerre, et toute son œuvre en témoigne.
Brecht a écrit sur son temps, ses pièces se déroulent au début du XX ème siècle. Dramaturge, il livre dans celles-ci une vision très sombre de la vie, confrontant des êtres bons à d’autres, beaucoup plus nombreux, foncièrement mauvais, qui finissent par l’emporter. Les horreurs qu’il a vu pendant la grande guerre ont certainement contribué à sa vision si pessimiste de l’humanité. Les quatre pièces étudiées pour rédiger cet article en témoignent.
Le Cercle de craie Caucasien, Homme pour Homme, L’Exception et la Règle et La vie de Galilée mettent toutes les trois en scène des personnages dont les principes sur le bien et le mal les conduisent jusqu’à l’absurde, et le seul jugement plein de bon sens rendu l’est par un excentrique présenté comme à moitié fou. Ces quatre pièces mettent en scène des procès, si bien que le jugement d’êtres humains par d’autre occupe un grande place dans son œuvre.
Homme pour Homme et L’Exception et la Règle sont de très bons exemples de l’empreinte de la guerre sur la vision que Brecht a du monde.
Dans la première il est dit que « Un individu isolé, ça ne compte pas. A moins de deux cents ça ne vaut pas la peine d’en parler », et un gentil homme qui ne sait pas dire non va prendre la place d’un mitrailleur, et devenir « l’Homme-Tank ». On assiste dans cette pièce à la vie du camp militaire anglais de Kilkoa aux Indes en 1923, dans l’attente d’un ordre pour attaquer la frontière du nord, celle avec le Tibet. Suite à une bêtise faite lors d’une permission, trois mitrailleurs vont devoir trouver quelqu’un pour remplacer leur quatrième camarade, porté disparu. Ils vont pour cela monter un piège pour qu’un honnête homme, Galy Gay, prenne la place de leur camarade, et par là même sont identité. Une oraison funèbre sera même organisée pour sceller la mort de Gary Gay, devenu Jeraiah Jip, métaphore de la transformation irréversible des êtres humains en soldats lors d’une guerre.
Dans L’Exception et la Règle l’absurde est encore plus terrible, car cette pièce est écrite comme une fable. C’est l’histoire d’un marchand qui souhaite se rendre à Ourga pour acheter une concession afin d’en exploiter le pétrole. Il maltraite son guide et son porteur afin d’arriver avant d’autres marchands convoitant les dernières concessions disponibles. Paranoïaque il congédie d’abord son guide puis fini par assassiner son porteur croyant que celui-ci le menaçait avec une pierre alors qu’il lui tendait simplement sa deuxième gourde. Le marchand sera alors jugé et, considérant le mauvais traitement qu’il a fait subir à son porteur, il est acquitté au titre de la légitime défense compte tenu du fait qu’il est jugé normal qu’il se soit senti menacé à ce moment, et que sa réaction n’a été motivée que par la volonté de protéger sa vie.
D’un point de vu narratif, les pièces de Bertolt Brecht font parfois appel à un conteur, auquel il arrive de chanter, tout comme à un cœur qui appui les interventions de ce dernier. Lors d’intermèdes, un personnage peut aussi interpeller le public : « Monsieur Brecht affirme : un homme est un homme ». Les chants, en règle générale sont très présent, d’autant plus qu’il était courant à l’époque de chanter pendant un labeur pour le rendre moins pénible. En revanche, pas de contraintes inutiles pour l’improvisation, les chants ne sont pas rimés. Suivant le même ordre d’idée, il arrive que les personnages répètent à l’identique certaines de leurs expressions : « mon nom, célèbre de Calcutta à Cooch Behar ». Ceci apportent une certaine impression de folie dans leur comportement.
En conclusion, on pourra se donner comme grandes lignes pour improviser à la manière de Bertolt Brecht :
- Raconter un drame se déroulant au début du XX ème siècle
- Opter pour une vision pessimiste de l’humanité, où la bonté est L’Exception et la Règle la protection de son intérêt individuel au détriment des autres
- Utiliser des chants dans la bouche des personnages des plus basse classes sociales
- S’aider d’un conteur ou de monologues à destination du public de certains personnages pour relier deux scènes entres elles
- Utiliser en personnage principal un être bon qui sera victime de la folie des hommes, en considérant ici le mot « folie » comme celle qui mène les peuples à la guerre (peur de l’autre, repli sur soi, intolérance, individualisme, nationalisme…)