Pour la catégorie « à la manière d’Alfred Hitchcock », tout est dans le sous-titre de cet article : « Il n’y a pas de terreur dans un coup de fusil, seulement dans son anticipation. »
Hitchcock est connu comme le maître du suspense car il usait très bien de ce procédé : le spectateur (mais pas nécessairement le personnage) sait ce qui va très certainement arriver, mais il est tenu en haleine car il ne sait pas quand et dans quelles conditions.
« Imaginez que nous parlons et que, soudain, une bombe explose sous la table : voici quinze secondes de surprise. Mais si le public a vu l’anarchiste la déposer avant que nous nous installions, et qu’il la règle pour qu’elle explose dans un quart d’heure, j’offre au spectateur quinze minutes de suspense. »
La façon dont il écrivait ses films participait à la mise en place de ce suspense. Il pensait d’abord des scènes ou des situations, puis il construisait les personnages et leur comportement de façon à rendre plausible ces scènes. Cette méthode inversée d’écriture de l’histoire, même si elle est complexe à mettre en œuvre en cocus, est sans doute une bonne approche pour construire un improvisation à la manière d’Hitchcock.
Un autre élément très utilisé par Hitchcock pour captiver est le « MacGuffin ». C’est un élément suffisamment mystérieux pour que les personnages modifient leur comportement en fonction de lui, pour en percer le secret, jusqu’à ce qu’ils se fassent emporter par la situation, à tel point qu’ils en oublient le « MacGuffin ».
Il peut prendre la forme d’un objet (valise au contenu mystérieux, invention géniale) ou d’un personnage au comportement étrange qui va obséder le héros. Il sert en fait de moteur, de but au personnage principal pour le début de l’histoire, avant qu’on ne le perde sans en avoir percé le secret lorsque la situation est devenue suffisamment riche pour être captivante par elle même.
Dans beaucoup de ses films, Hitchcock joue avec nos peurs. Ceci participe à rapprocher le spectateur des personnages et à rendre ainsi l’histoire qui leur arrive plus terrifiante. Le personnage principal est souvent avec un « monsieur tout le monde », totalement innocent et sans la moindre responsabilité dans ce qui lui arrive. Il a même plusieurs fois utilisé des personnages devant se disculper de ce qu’on les accuse d’avoir commis.
Pour qu’une histoire soit haletante, il faut obligatoirement qu’il y ai des moments où la tension se relâche. Hitchcock y met des clin d’œil humoristique mais il est aussi possible pour produire cet effet de retomber dans le banal, comme si d’un seul coup tout l’étrange avait disparu, hormis dans l’esprit du personnage principal et des spectateurs.
Le banal est également utilisé comme scène de présentation de la plupart des film d’Hitchcock, afin de mieux contraster avec la suite. Les premières minutes mettent en scène une vie des plus ordinaires avec les personnages que l’on suivra pour le reste de l’histoire.
D’ailleurs, il est intéressant de mentionner à ce sujet la construction de Psychose. Le film commence avec une employée qui fuit avec une grosse somme d’argent qu’elle devait déposer à la banque. Ceci crée un premier élément de suspense : « va-t-elle se faire prendre », d’autant plus qu’elle a beaucoup de difficultés à paraître tranquille et sereine. Elle arrive alors dans un motel isolé, et ce qui semble être un relâchement dans la tension créée par la fuite tourne en un mélange de curiosité et de peur face au comportement des deux seules personnes occupant les lieux : le propriétaire du motel et sa mère. C’est seulement lors de l’assassina de la locataire de la chambre par ce dernier que le spectateur comprend qu’il est le vrai personnage principal, alors que l’on est au milieu du film.
L’action des films de Hitchcock se passe toujours dans les années 1950, soit au Royaume-Uni (car il est anglais) soit aux USA. Amateur d’Edgar Poe, ses assassins ne sont pas de vulgaires gangsters, mais rivalisent avec le jeune premier charismatique et séduisant. Ses héroïnes dissimulent derrière leur blondeur glacée à la Grace Kelly de brûlantes perversions.
Enfin, l’ambiance doit être plus importante que les dialogues dans une improvisation à la manière d’Alfred Hitchcock. Dans ses films les paroles se limitent au strict minimum, et sont principalement là pour mettre en place l’atmosphère.
Le cocus d’une Hitchcock pourra se mener en répondant à la question :
Quel est le MacGuffin du film/personnage ? (ex : la disparition du jour au lendemain de la jolie voisine blonde), puis en chargeant d’idées le personnage si c’est une mixte, ou la situation initiale si c’est une comparée.
Durant l’impro, le banc aura le temps de répondre à l’autre question essentielle (car chez Hitchcock tout est fait pour arriver à une situation précise) :
À quelle fin doit-t-on arriver ? (ex : comme les russes rapatrient d’Angleterre leurs agents dormants dont cette voisine faisait partie, le héros devra obtenir la protection du MI6 pour sortir des griffes du KGB qui considère qu’il en a trop appris sur ses agents secrets.), dont la réponse sera communiquée aux autres joueurs en réserve de façon à ce que l’histoire s’y dirige.