Jean Racine est l’auteur de onze tragédies et une seule comédie (Les Plaideurs). Contemporain et rival de Molière, Racine avait comme ainé et modèle Corneille, et produisait la majeure partie de ses pièces à l’Hôtel de Bourgogne, lorsque Molière était au Palais Royal. Après la mort de Molière, leurs deux troupes se sont réconciliées en fondant La Comédie Française.
Toutes les pièces de Racine sont en alexandrins, et la quasi totalité d’entre elles reprennent des sujets grecs ou romains. Elles font toutes preuve d’une certaine musicalité des vers, et respectent les unités de temps, de lieu, et d’action.
Cette règle des trois unités provient du théâtre antique :
- Unité de temps : le temps de l’action correspond au temps de la représentation, donc pas de saut dans le temps ni d’ellipse
- Unité de lieu : tout se passe dans un même lieu, la pièce principale d’un palais par exemple
- Unité d’action : tous les événements sont liés et nécessaires, et aucun ne peut être supprimé sans faire perdre son sens à l’action principale. Par exemple, il peut être question comme dans Alexandre le Grand de tenter d’éviter un affrontement armé, et les différents rois vont se rencontrer séparément tour à tour pour tenter de se convaincre mutuellement de l’attitude à adopter face au conquérant. Même si ils vont rester sur leurs positions, chacun apprendra suite à ces échanges qu’il peut ou non compter sur son voisin. L’unité d’action empêche d’utiliser des intrigues secondaires si elles n’ont pas un impact déterminant sur l’action principale. De la même façon, lorsque l’action principale arrive à son dénouement (ex : victoire d’un roi et mort d’un autre), il est impossible de continuer sur une autre action, sauf si elle est la conséquence directe de la précédente (ex : révolte du peuple contre ce nouveau roi).
Dans l’œuvre de Racine, l’amour est la principale motivation des personnages. Une grande partie d’entre eux entreprennent leurs actions pour l’amour d’un autre personnage. Une princesse va tenter de convaincre son frère de ne pas attaquer le royaume voisin à cause de l’amour qu’elle porte à son roi, une mère va tenter d’empêcher ses fils se s’affronter pour le trône de leur père au nom de l’amour qu’elle leur porte… Lorsque l’amour n’est pas à l’origine d’une entreprise, la seconde motivation est l’honneur, envers une lignée familiale, envers un peuple, ou envers soi-même.
Généralement, le caractère tragique des pièces de Racine provient du fait que non seulement les tentatives des personnages pour éviter le pire vont échouer, mais ce qui va finalement se produire sera le pire scénario envisageable. Ainsi, le nombre de mort à la fin de la pièce est souvent très élevé parmi les personnages. Les relations les liant faisant souvent que la mort d’un premier entraîne le désespoir d’un second qui se donne la mort, laquelle mène à son tour un autre personnage dans le même état, et ainsi de suite (La Thébaïde).
Pour l’improvisation, Jean Racine nécessitera de maîtriser l’alexandrin. Il ne demandera que peu de personnages (cinq ou six), issus de familles royales avec pour faciliter l’exposition de leur situation la présence de confidents (ils pourront parler à leurs confidents plutôt que de faire des monologues), des relations très fortes entre chacun d’eux (lien de parenté, amour ou rivalité de territoire), pas de changement de lieu, et si l’on ne cherche pas l’originalité, une situation de l’action en Grèce antique.