Émile Zola

Émile Zola est un écrivain naturaliste français de la seconde moitié du XIX siècle (là encore l’article sur le XIX ème siècle vous sera utile).

Le naturalisme analyse les hommes et cherche à cerner l’influence du milieu social et de l’hérédité dans ce que devient un être humain. L’écriture de Zola est d’un incroyable réalisme.

Pour chacun de ses romans, il s’est d’abord énormément documenté, allant jusqu’à créer un dossier d’un millier de pages pour l’écriture de Germinal. Il disait à propos de son travail : « Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d’êtres, se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d’œil, profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses lois, comme la pesanteur. ».

Son œuvre principale, à laquelle il consacra vingt années de sa vie, est la saga des Rougon-Macquart. C’est l’histoire d’une famille issue de deux branches : les Rougon, la famille légitime, petits commerçants et petite bourgeoisie de province ; et les Macquart, la branche bâtarde, paysans, braconniers et contrebandiers, qui font face à un problème général d’alcoolisme. C’est une saga sur cinq générations. Certains membres de cette famille vont atteindre des sommets de la société d’Empire, alors que d’autres vont sombrer, victimes d’échecs sociaux et de leur hérédité. Zola veut montrer comment se transmet et se transforme, dans une même famille, une tare génétique.

Pour Germinal, en plus du dossier documentaire qu’il construira, Zola passera huit jours dans le bassin houiller de Valenciennes, dans le nord de la France, à Anzin, et ce en pleine grève des douze mille mineurs. Il descendra au fond de la mine, discutera avec les mineurs, les ingénieurs, assistera à des réunions syndicales, sera témoin du drame social, de la prostitution, du jeu, de l’alcoolisme qui frappe ces ouvriers.

Pour improviser à la manière d’Émile Zola, il faudra ainsi reproduire la vie d’ouvriers français sous le second empire, aussi bien du point de vu de l’univers, que dans le langage employé.

Pour reproduire l’univers de Zola, on peut s’inspirer de celui de « L’Assommoir » :

  • Les personnages principaux sont un couple d’ouvriers avec leur enfants.
  • La mère peut être couturière, blanchisseuse, concierge…
  • Le père peut être mineur, forgeron, couvreur zingueur…
  • Les enfants sont livrés à eux-même durant les longues journées que leur parents passent au travail
  • Les récits de Zola sont des sagas, et couvrent des vies entières (de 22 ans jusqu’à sa mort pour Gervaise, personnage principal de « L’Assommoir »). Pour cette raison, une improvisation devra se concentrer sur une tranche de vie. Un bon exemple est le premier chapitre de « L’Assommoir ». Il n’est pas nécessaire de le lire en entier ce chapitre mais le début donne une bonne image de cette tranche de vie, dans laquelle on entrevoit tout le passé des personnages, même si on ne lit leur histoire que sur une courte période de temps
  • Un élément récurrent dans les récits de Zola est l’omniprésence du drame. En naturaliste, il analyse en met en scène le poids pratiquement insurmontable du milieu social dans la capacité des personnages à s’en élever. Ainsi, dans « L’Assommoir », même si le grand repas avec tous les voisins est une sorte de point culminant dans le bonheur qu’à connu Gervaise au cours de sa vie, on y voit en filigrane la déchéance future. Le repas a été payé à crédit, le couple de Gervaise bat de l’aile et la démonstration de réussite sociale qu’elle souhaite faire n’est là que pour exacerber la jalousie de sa belle famille.
  • La société mise au jour par Zola est incroyablement humaine dans ses défauts et ses faiblesses. Malgré les faux-semblants de courage des personnages, qui supportent leurs vies misérables, ils se laissent finalement aller aux plaisirs destructeurs de la fainéantise et de l’alcool pour les hommes, et de étreintes extra conjugales pour les femmes.
  • L’hérédité est mise en scène dans le récit de la vie des personnages. Les jeunes fuient le milieu misérable de leur parents pour finalement retomber dans la même déchéance après un bref passage dans la société mondaine, pour les filles grâce à leur amants, et pour les hommes grâce à un héritage trop vite consommé.
  • Un grand nombre traits de caractère sont utilisés par Zola. Dans « L’Assommoir », les Lorilleux sont jaloux et avares, Lantier est menteur, Goujet est incroyablement gentil, Mes-Bottes est fainéant, le père Bijard est alcoolique et violent, Virginie est manipulatrice.

L’autre élément très important dans le style de Zola est le vocabulaire des personnages. Il est très important d’arriver à s’en servir pour reproduire fidèlement la société ouvrière du XIX ème siècle. Voici à titre d’illustration un extrait assez représentatif issu du chapitre VIII de « L’Assommoir » :

« Et, comme ils arrivaient au bas de la rue, ils aperçurent en effet Mes-Bottes chez le père Colombe. Malgré l’heure matinale, l’Assommoir flambait, les volets enlevés, le gaz allumé. Lantier resta sur la porte, en recommandant à Coupeau de se dépêcher, parce qu’ils avaient tout juste dix minutes.
– Comment ! tu vas chez ce roussin de Bourguignon ! cria Mes-Bottes, quand le zingueur lui eut parlé. Plus souvent qu’on me pince dans cette boîte ! Non, j’aimerais mieux tirer la langue jusqu’à l’année prochaine… Mais, mon vieux, tu ne resteras pas là trois jours, c’est moi qui te le dis !
– Vrai, une sale boîte ? demanda Coupeau inquiet.
– Oh ! tout ce qu’il y a de plus sale… On ne peut pas bouger. Le singe est sans cesse sur votre dos. Et avec ça des manières, une bourgeoise qui vous traite de soûlard, une boutique où il est défendu de cracher… Je les ai envoyés dinguer le premier soir, tu comprends.
– Bon ! me voilà prévenu. Je ne mangerai pas chez eux un boisseau de sel… J’en vais tâter ce matin ; mais si le patron m’embête, je te le ramasse et je te l’assois sur sa bourgeoise, tu sais, collés comme une paire de soles ! »

Le vocabulaire est l’aspect le plus difficile dans la catégorie à la manière d’Émile Zola. L’apprendre nécessite en effet un vrai travail de lecture et de synthèse, afin de parvenir à acquérir cette façon de s’exprimer.

Émile Zola