Michel Audiard

La partie la plus connue de l’œuvre d’Audiard, et vraisemblablement celle que le public et l’arbitre attendent sur cette catégorie, ce sont les dialogues.

Michel Audiar est un grand nom des polars des années cinquante et soixante. Il est toujours question de flics et de truands. Il avait du mal avec les mots et les scènes d’amour, ses femmes seront alors plus masculines, agiles en affaire comme au lit et maniant le flingue aussi facilement que le rouge à lèvres. Pour lui, « Le scénariste n’est jamais qu’un brodeur d’histoires », il essayera toujours d’éviter les situations mises en place dans le seul but de servir la réplique finale, mais il sacrifierait pourtant tout au bon mot.

Il utilisait beaucoup l’argot, même si résumer son style à cela serait un sacrilège. Il déclina le personnage du flic dans un grand nombre de registres, du divisionnaire intègre au jeune inspecteur aux méthodes de voyou, en passant par le détective cynique et résigné. Le truands aussi auront droit à la même richesse de tons, en complet veston avec une tendance aristocrate et une culture artistique, agissant autant avec les méninges qu’avec les calibres, ou à l’inverse, en gangster qui oublie bien souvent que manier la gâchette ne suffit pas.

Pour terminer cette courte illustration du style Audiard, voici quelques répliques célèbres de dialogues qu’il a écrit :

  • Bernard Blier :
    – Mais le mexicain, ç’a été une épée, un cador. Moi j’suis objectif, on parlera encore de lui dans cent ans. Seulement faut bien reconnaître qu’il avait décliné, surtout de la tête
  • Fernand Naudin puis Pascal :
    – C’est quand même marrant les évolutions, quand je l’ai connu le mexicain, il recrutait pas chez tonton !
    – Vous savez ce que c’est : l’âge, l’éloignement. A la fin de sa vie, il s’était lancé sur le reclassement des légionnaires.
    – Ah si c’est une œuvre, c’est autre chose !
  • Thomas puis Fernand Naudin :
    – Mais qu’est-ce que c’était que cette fusillade ? On ne se serait pas permis de vous flinguer sur le domaine ?
    – Eh ben, on s’est permis.
  • Venantino Venantini :
    – Le Mexicain l’avait achetée en viager à un procureur à la retraite. Après trois mois, l’accident bête. Une affaire.
  • Bernard Blier :
    – Mais y connaît pas Raoûl ce mec !.. Y va avoir un réveil pénible… J’ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter qu’le sang coule… Mais maintenant c’est fini… je vais le travailler en férocité… le faire marcher à coups de latte… Ama pogne je veux le voir… Et je vous promets qu’y demandera pardon !… Et au garde-à-vous !
  • Venantino Venantini :
    – La psychologie, y’en a qu’une : Défourailler le premier.
    – C’est un peu sommaire, mais ça peut être efficace.
  • Fernand Naudin :
    – Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
  • Jean Gabin :
    – La liberté sonne à sept heures dans toutes les prisons de France.
  • Jean Gabin :
    – Dans les situations tendues, quand tu parles fermement avec un calibre en pogne, personne ne conteste. Y’a des statistiques là-dessus.
  • Jean Gabin :
    – Écoute-moi bien. A partir de maintenant, travaille au chrono parce qu’une minute d’écart ça veut pas dire forcément 60 secondes. Ça peut se transformer en années de placard.
  • Jean Gabin :
    – Ah, parce que le p’tit hôtel-restaurant, t’appelle ça l’indépendance, toi ! Alors, j’vais t’dire quelque chose : J’me suis pas tapé cinq piges de placard pour venir piquer thune par thune l’oseille des congés payés.
Michel Audiard