Edgar Allan Poe

Edgar Poe (le nom de « Allan » lui a été ajouté suite à son adoption après la mort de ses parents alors qu’il avait 2 ans) a vécu aux États-Unis dans la première moitié du XIX ème siècle. Il est surtout connu surtout pour ses contes et a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse. Il est considéré comme l’inventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique, si bien que son style est difficile à cerner, car on a l’impression de retrouver les caractéristiques d’un grand nombre d’auteurs qui viendront après lui.

Edgar Poe était d’une grande intelligence, réussissant toujours brillamment au cours de ses études, c’est son désintérêt pour le commerce et des problèmes d’argent qui l’empêcheront d’être négociant puis diplômé de la prestigieuse école militaire de West Point. Logicien, il aimait faire montre de ses capacités analytiques. Ainsi, lors de la publication en feuilleton de Barnabé Rudge (1841), roman de Dickens, il aurait deviné la fin de l’intrigue avant la parution des dernières livraisons. On retrouve cette grande capacité de déduction dans plusieurs de ses nouvelles, qui font d’ailleurs penser à Conan Doyle (né 50 ans plus tard), de part la précision des éléments décrits dans les enquêtes policières. Il utilisera aussi cette capacité dans ses nouvelles scientifiques, précurseurs de la science-fiction actuelle. Il y raconte avec un sens aigu du détail technique des voyages en ballon vers la lune (neuf ans avant Jules Verne).

Une autre raison pour laquelle le style de Poe est difficile à cerner pour un improvisateur est qu’il pratiquait la parodie des publications de son temps. Ainsi, la nouvelle « Metzengerstein » imite les horreurs inventées dans les romans gothiques, comme « Le Château d’Otrante » d’Horace Walpole. Dans « Le Duc de l’Omelette », il se moque des maniérismes et du style affecté de Nathaniel Parker Willis. Dans « Manuscrit trouvé dans une bouteille », il représente un pastiche des récits de voyage. De ce fait, ses écrits touchent à un très grand nombre de styles, et l’on ne peut saisir leur caractère parodique que lorsqu’on connaît les originaux, bien éloignés de notre XXI ème siècle.

Afin de proposer une base utilisable aux improvisateurs pour jouer à la manière de Poe, voici quelques éléments que l’on peut considérer comme caractéristiques du premier volume des « Histoires extraordinaires » écrites par Edgar Poe entre 1832 et 1845 :

  • Si les nouvelles de ce recueil sont relativement différentes, la mort a sa place dans presque chacune d’entre elles. Les enquêtes mènent sur la piste de meurtriers, les recherche de trésor font imaginer la fin tragique de leur dernier propriétaire, les expériences surnaturelles font intervenir des mourants et les voyages à la découverte du monde sont plein de périls.
  • Toutes les nouvelles de « Histoires extraordinaires » se déroulent au XIXème siècle. Même si elles comportent une part de fantastique, celui-ci vient s’ajouter aux personnages principaux qui vivent à la même époque que Poe.
  • Trois catégories se dégagent dans les nouvelles de ces « Histoires extraordinaires » : les enquêtes, les récits d’aventure et les récits fantastiques.
  • Les deux premières nouvelles se rapportent à cette première catégorie. Il s’agit de résoudre un problème, neutre ou protection d’une information. L’intrigue est toujours bien montée et la solution très ingénieuse. De ce fait, c’est un exercice particulièrement difficile en improvisation.
  • La seconde catégorie regroupe « Le Canard au ballon », l’« Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall » et la « Descente dans le Maelstrom ». Ils semblent différents des autres récits d’aventure de l’époque de part la précision et le réalisme des détails techniques (hormis le minimum nécessaire à la réalisation du périple, comme la présence d’air entre la terre et la lune). Pour les deux premières nouvelles, il y a un aspect parodique dans le sens ou l’histoire est raconté de façon très crédible et précise, mais la chute laisse sentir une construction de tout pièce. Poe fait un peu comme un enfant qui passerai du temps à monter une magnifique construction pour prendre ensuite un malin plaisir à la détruire. On croie de plus en plus au récit au fur et à mesure que l’on avance, et on tombe des nues à la formulation du doute final.
  • La troisième catégorie regroupe toutes les autres nouvelles (8 sur 13). Chez Poe, le fantastique est souvent synonyme de pouvoirs surnatuels, généralement en rapport avec la mort. Deux des huit nouvelles fantastiques font intervenir le magnétisme pour faire communiquer des esprits ou garder des mourants à la frontière entre la vie et l’au-delà. Les six autres nouvelles ont toutes quant à elles un rapport avec la mort. Il est question dans celles-ci de la recherche d’un trésor laissé par des pirates décédés, de la vision d’une vie antérieure au travers d’un rêve, du repêchage d’un naufragé par un bateau fantôme, de la vie et la mort de femmes aux capacités intellectuelles hors du commun, et enfin de l’affrontement entre deux riches familles dont l’une a pactisé avec le diable.

En conclusion, le style d’Edgar Allan Poe est réellement très difficile à décrire en cinq paragraphes tant il est riche et précurseur de ce que bon nombre d’auteurs ont créé après lui. La meilleure manière de s’en faire une idée plus précise que celle que cet article a pu vous donner et de lire quelques-unes de ses nouvelles, de préférence dans chacune des trois catégories citée ci-dessus.

Edgar Allan Poe